On eut dit qu’il fallait que tout soit posé pour que tu ne puisses plus rien bouger. Repu de cette idée, je suis sorti à l’extérieur changer en marbre couleur d’acajou tous les éléments du décor. J’ai figé l’ane qui appelle, les oiseaux qui volent. J’ai figé l’eau, le sable, les voitures qui roulent, les gens dehors. Lorsque tu es sortie dehors, un grand silence régnait sur toute la terre. Tu as fait un pas ; rien à faire. Tu es revenue quelque peu, à court d’idée, le monde un peu vide de sens, tu es revenue t’asseoir sur le fauteuil en osier qui borde la terrasse qui donne sur les empilements d’oliviers. Il restait alors le bruit des animaux qui rebondissaient, ici et là, sans propriétaires. J’ai attrapé le second fauteuil, me suis collé dans un coin le long du mur et j’ai écrasé ma cigarette sur une pierre. Mon livre parlait d’un enfant que l’on trimballe de contrés en contrés, avec des gens sans noms du calendrier. Tu as voulu en saisir l’hérésie avant que je ne cloue ton regard, coupant court à une remarque. Tu as bu ton verre de menthe : le glacon est venu avec la gorgée verte. Il est entré dans ta bouche, rapant ton palais, refroidissant tes pensées. Surprise, il est reparti valdinguer au fond du verre et tourbillant, ses angles, fondus et les yeux révulsés de plaisirs, ses angles dis-je, ont martelé les bords du verre ridé. On a écouté une seconde fois les animaux qui retenaient leur souffle. On a trouvé ça un peu bête. Soupirant, tu as repris ton verre attrapant le glaçon d’une goulée. D’un coup de dent les animaux se sont remis à chanter.
WoW !
Lent et aléatoire
Soumise à l’acceptation
la vie privée
de la personne humaine
vous conseille
respectivement
le capitalisme sauvage
et la Charte
d’utilisation
sur mépris
Ce que je me demande
c’est si je suis capable
de faire exploser vos boites
aux lettres
en une nuit standard
sans alerter les autorités
sans prevenir la police
sans que votre provider
ne baise votre femme
pendant qu’il vous tient
au bout du fil
pour vous prévenir
que votre Bal est annulé
que votre Bal est saturée
et que la marié
se fait baiser
par un enfoiré d’enculé
qui lit votre courrier
dans votre dos
la nuit
pendant que vous dormez
et qu’il vous téléphone
pour vous prévenir
qu’il baise votre femme
dans votre dos
sous pretexte
qu’un inconu se demande
s’il peut faire exploser
votre Bal annulée
votre Bal saturée
en une nuit standard
sans alerter les autorités
sans prevenir la police
c’est ce que je me demande
en cette nuit standard
est ce que j’en suis capable ?
Ah, excusez du peu, on me téléphone !
Oui ?
C’est le voisin d’en bas ?
Oui ?
C’est vous qui baisez votre femme ?
Hein ?
Non, je voulais dire, c’est vous qui baisez ma femme ?
Je sais pas. C’est Eléanore ?
Oui. Et mon courrier ?
Oui, je le lis aussi. J’en suis capable vous savez.
Je vois ca.
Oui.
C’est une nuit standard.
Oui je crois.
J’peux pas alerter les autorités.
Non j’crois pas.
Ni la police.
Non plus.
C’est moche.
Vous etes Français ?
Oui pourquoi ?
Pour rien, c’est un jeu de mot avec voisin.
Ah.
Vous me la renvoyez quand ?
Bientôt, j’ai bientot fini votre courrier.
Ok. Et pour ma bal ?
Elle est saturée.
Ah.
Elle a explosé.
Mince.
Bon...
Ouais.
Il a raccroché.
Sa bal est saturée
Et sa table dressée
Il attends tous ses invités
Il est prêt pour jouer
s’amuser
boire
l’ivrogne
et sa femme qui se fait baiser
par celui qui lit son courrier
et lui qui gise
là
dans un verre de sang
buvant un martini
bien serré
posé sur le rebord d’une fenêtre
par où il guette ses invités
qui viennent pour jouer
et puis pour s’amuser
pour boire
boire
allongé sur sa pile de courrier
qui dégueule par la boite
complètement saturée
et l’autre au bout du fil
qui crie et se lit
tout son courrier
tout en baisant l’enfoiré
de l’autre abrutie de mariée
c’est le voisin d’en bas
le Francais
l’autre là
sa maison est en feu
sa bal a explosée.
Oh, excusez du peu, on me téléphone !
Oui ?
C’est vous ?
Oui.
Z’auriez pas vu mes invités ?
Non, j’suis occupé.
Oui je....
Je baise votre femme...
Et ...
Je lis vot’ courrier.
Ouais.
Z’avez trois factures et un...
Abonnement à TV magazine
Et le numéro de permis de conduire
Est le 8-5-5-8-3-2...
...
Et ma femme ?
Toutes les mêmes !
Ah ca !
Vous zauriez pu l’aider.
L’aider à quoi ? A conjuguer le verbe zavoir ?
Non, à enlever l’instabilité de sa tête.
Pourquoi ?
J’sais pas. Votre courrier déborde, non ?
Oui mais j’vois pas...
Et benh c’est pour ça.
Ah.
Vous m’en direz tant.
Et sinon ?
Vous zauriez pu l’aider ?
A quoi ? A conjuguer...
Nan, à avoir des enfants.
Ok, mais techniquement c’est vous...
C’est moi qui la baise ouais.
Alors bon. Faudrait me la rendre...
Avec son permis de conduire ?
C’est le même.
C’est vrai ça.
Bientôt ?
Ouais. J’finis de lire vot’ courrier.
Ok.
La maison a finit par bruler. Il ne restait plus grand chose quand les pompiers sont arrivés. Ils ont conclu à une explosion. L’explosion d’un objet non identifié. Et il ne fut pas le seul. En haut, chez le voisin, ce fut pareil jusqu’à la dernière ligne du courrier.
Tu as eu une sorte d’étouffement, un cri. Les animaux se sont défigés, le pelage s’est mis à frissoner. Tu as voulu saisir l’hérésie avant que je ne cloue ton regard, coupant court à une remarque. Elle s’est échappée. Je suis rentré à l’intérieur saisi de cette idée : derrière toi, tous les animaux étaient déjà tous éparpillés. C’était fatalement étrange. L’eau, le sable, les voitures, tout s’est remis à couler. Finalement, c’est le marbre qui le dernier à cédé. Tout est devenu vert, vachement vert. Ce fut presque un peu déprimant, sur le coup. Tu as mis un poing, sur quelque chose d’un peu imagé et puis tu es partie. J’aurais pu dire épaule, cou, sourcil mais je suis Français, je fais des faux jeux de mots avec voisin.